"La vie appartient aux vivants"*

Quand la crise a commencer à sévir, une foule de petites galeries qui faisaient la part belle aux artistes émergents ont fermé. En parallèle, les œuvres les plus prestigieuses ont vu leur cote grimper en flèche et battre des records. Le marché de l'art suivait la même courbe que l'économie dans son ensemble : sur ce secteur, aussi, jamais le luxe ne s'est si bien porté. 
Mais ces sommes faramineuses, ces spéculations effrénées n'ont guère profité qu'aux vendeurs ou aux acheteurs : vivants, les artistes ne touchent que 3 % des plus-values réalisées sur leurs œuvres, les morts bien sûr, ne touchent rien. Bref, cette spéculation sur les œuvres d'art a autant bénéficié aux artistes que la spéculation a profité aux industries : la création culturelle souffre, les artistes émergents qui s'en sortaient hier rament aujourd'hui et peu de galeries osant la nouveauté parviennent à vivre.

Inclure les œuvres d'art de plus de 50 000 euros dans le comptage de l'impôt sur la fortune eut été un signe fort, la marque de la volonté de taxer la spéculation, celle sur les œuvres d'art comme les autres.
Mieux : le seuil proposé dans l'amendement de Christian Eckert était suffisamment élevé pour ne pas pénaliser les artistes vivants. Au contraire, on aurait peut-être vu des collectionneurs reporter leurs envies sur des créateurs de ce temps : ils sont rares les vivants dont les œuvres se négocient à 50 000 euros et ceux-là n'ont guère besoin de coup de pouce fiscal pour s'en sortir.

Mais cette fois encore, le gouvernement a plié. Officiellement sous la pression des grands musées inquiets que les collectionneurs ne prêtent plus leurs œuvres de peur d'être repérés… Comme une banque qui craindrait la transparence, de peur de perdre des clients…
Cette fois encore, manque l'envie et la cohérence.
Où est le changement ? Où est la gauche ?
Les vrais pigeons du jour, ce sont les artistes émergents, ce sont les amateurs d'art ouverts et passionnés, ceux qui ne spéculent pas mais craquent sur un coup de cœur.

A lire sur le sujet : le texte d'Eric Landau de la galerie W sur Rue89

*"la vie appartient aux vivants et celui qui vit doit se résigner au changement" (Goethe)



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