La nuit, je veille



J'aime les heures secrètes qui précèdent l'aurore. Peut-être me rappellent-elles des départs à la nuit, en montagne, quand j'étais petite ou jeune fille. 
Toujours est-il que je m'obstine à me réveiller chaque nuit pour ne pas les manquer. Les yeux ouverts — en un clic semble-t-il — j'écoute s'effacer les derniers bruits de la nuit: ceux qui jaillissent encore de mes rêves écourtés et ceux, de plus en plus précis, qui viennent du dehors.
Je guette dans l'encre les sons menus qui font comme des touches colorées sur du noir. Cette nuit, les sirènes trop nombreuses racontaient la tension dans les rues de Paris et je pensais aux minots qui couraient après la Nuit debout. 


Puis le silence s'est fait et dans mon entre-deux de conscience, je les ai oubliés.

Parce que c'est l'heure où les muses m'assaillent. Juste là, quand il faudrait dormir! Je crois qu'alors, mes rêves s'entrecroisent avec mes bilans vaporeux des journées précédentes. Je gamberge à tout va, sans logique évidente, comme l'on fait quand on court, avec les rêves en plus et le silence à peine troublé de la nuit au plus noir, au plus froid.
Parfois c'est déprimant et je débusque des ogres tout droit sortis de l'enfance. Parfois, ce sont des cafards d'aujourd'hui qui n'en diffèrent guère, des privés comme des publics.

Mais souvent, c'est incroyablement productif! Un véritable jaillissement, un feu d'artifice! Je compose et recompose les travaux et les projets en cours, j'en invente de nouveaux, je me rappelle de tout, je trouve mille solutions probables ou improbables, je refais le monde, écris mes chroniques, invente des formes…
Dans le noir, dans la nuit d'encre, avant que les premières lueurs ne dessinent des silhouettes inquiétantes dans les vêtements éparpillés, je trouve des couleurs.

Alors je me rendors, à peine quelques minutes et le réveil sonne.
Totalement fracassée, je me dis en rampant pour sortir de mon lit: "avant de peindre, je dormais!"
Mais je n'attends qu'une chose: que la journée démarre et que je dessine encore! 
Vous avez vu ? Mon blog a changé de couleurs et quelques nouveautés sont annoncées sur son flanc droit, en haut.

Mais c'est jours-ci, sinon, je retombe en enfance avec Robert Desnos. La muse cette fois-ci, est une librairie. Elle ouvrira en mai avec des livres pour tous et un coin pour les petits. Je vous dis tout bientôt. 




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