Les corps sans nom d'Alep

Encore une macabre découverte à Alep (Syrie) : 80 corps - au moins - gisant au fond du fleuve, leurs papiers d'identité ont été confisqués. Ils avaient à peine vingt ans et l'on imagine : les hommes alignés à genoux, mains liées dans le dos, les visages baissés au sol qui scrutent les reflets des grains de terre, ultime lumière… et les canons posés sur la tempe : BANG ! They shot them down BANG BANG… that awful sound, BANG BANG ! Et les mots manquent : nous avons déjà tant dit, en vain !, sur le massacre syrien. Les corps tombent et l'on voudrait détourner les yeux, de peur de les voir s'habituer au carnage. Les corps tombent… Me reviennent, comme un sinistre rappel de ce qui ne change pas, ces vers de Neruda que l'on voudrait d'un autre temps : " un corps qui roule, un petit rien sans nom, un numéro à terre, une grappe de fruits morts, répandue dans le pourrissoir." (Pablo Neruda, le Chant Généra l, United fruit Com...