Musarder avec les oiseaux


Confinement (L'art est un jardin d'éphémères). Technique mixte sur et sous toile. 50x70 cm
Œuvre visible à la Galerie du Génie de la Bastille, 126 rue de Charonne, jusqu'au 31 mai 2020.

Faute d'avoir eu le temps de ranger avant le confinement - et sans certitude quant à l'avenir - j'avais empilé sur une table, le jour de mon départ, tout ce qui risquait d'être annulé si la crise durait. Deux mois plus tard, de retour à l'atelier tout là-haut, j'avais l'impression de me retrouver devant une stèle. Il m'a fallu quelques jours pour retrouver mes marques. 

Je suis rentrée pour de bon parce que j'avais des pieds de tomate à replanter et que les pots étaient derrière la fenêtre, cette fenêtre qui ne pouvait justement pas s'ouvrir puisqu'une table-stèle lui barrait le passage. 
Il ne m'a pas fallu une heure pour “ranger” les paquets emballés de bulles et retrouver le reste de mon précieux bordel : les objets que j'entasse pour m'en servir au besoin et que j'appelle des “bouts de rien”, les œuvres inachevées, les pigments, les liants, les encres, les pinceaux, les pipettes, les morceaux de papier tâchés que je garde parce que je les trouve beaux… J'en fus saisie!

Après deux mois confinée dans mon appartement et peu ou prou contrainte d'y dessiner méticuleusement au feutre sur A4, après avoir soigneusement replanté sept pieds de tomate à l'atelier, j'ai donc beaucoup sali ; la toile d'abord : j'ai aspergé, j'ai éclaboussé, j'ai soufflé, j'ai arraché, j'ai laissé sécher, puis, j'ai tapoté. 
Ensuite, j'ai aussi collé, décollé, dédoublé… et peint, un tout petit peu, sur des feuilles de papier (ci-dessous), parce que j'aime à gâcher là ce que je n'ai pas utilisé pour la toile. 




Voilà.

On a taillé l'arbre qui n'atteint désormais plus ma fenêtre. Il a momentanément cessé d'abriter le concert des oiseaux, partis à peine plus loin se cacher dans la vigne. Leur chant est encore si fort que je n'ai pas tout de suite remarqué cette amputation.

Par les fenêtres, j'admire l'enchevêtrement des toits de zinc et de briques, les cheminées. Mes yeux fouillent les arbres du jardin tout en bas, puis grimpent le long des terrasses jusqu'au ciel à perte de vue. Les hirondelles étaient déjà là quand je suis revenue du confinement.

Maintenant, je peux faire le deuil de mes Saisons bavardes, cette expo qui me tenait à cœur parce qu'elle devait parler de René Char, de Coste Belle et du pays des Écrins, de l'amour et de la folie des Hommes
Dans la vigne vierge et dans les arbres, juste en dessous et en face de mes pieds de tomate, les oiseaux bavardent et s'interpellent. 
Muses, ils m'aideront peut-être à trouver quoi faire de ces semaines suspendues. 




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