La nuit, je veille

J'aime les heures secrètes qui précèdent l'aurore. Peut-être me rappellent-elles des départs à la nuit, en montagne, quand j'étais petite ou jeune fille. Toujours est-il que je m'obstine à me réveiller chaque nuit pour ne pas les manquer. Les yeux ouverts — en un clic semble-t-il — j'écoute s'effacer les derniers bruits de la nuit: ceux qui jaillissent encore de mes rêves écourtés et ceux, de plus en plus précis, qui viennent du dehors. Je guette dans l'encre les sons menus qui font comme des touches colorées sur du noir. Cette nuit, les sirènes trop nombreuses racontaient la tension dans les rues de Paris et je pensais aux minots qui couraient après la Nuit debout. Puis le silence s'est fait et dans mon entre-deux de conscience, je les ai oubliés. Parce que c'est l'heure où les muses m'assaillent. Juste là, quand il faudrait dormir! Je crois qu'alors, mes rêves s'entrecroisent avec mes bilans vaporeux des journée...