"Parfois je me sens pris d'horreur"



Je n'ai pas pu.
Je n'ai pas pu ajouter de fleur sur mon mur Loveland : le cœur n'y était pas et aucune chansonnette n'est venue réveiller mes muses.
Par écœurement, j'avais abandonné mes chroniques sur l'actu, j'y reviens aujourd'hui pour outrage.

Oh il y a peu à dire : celui qui avait pris les juges pour des ânes (pendant 5 ans et bien davantage) fut pris par ceux qu'il croyait prendre, celui qui conspua le pouvoir des journalistes n'a pas même osé les affronter pour exprimer sa défense. Il préféra écrire une missive, éviter les contradicteurs : qu'aurait-il bien pu dire à un gratte papier opiniâtre, lui qui n'a pour  défense que ce qu'il a lui-même bafoué : la secret de l'instruction ?

Oh, il y aurait peu à dire s'il n'y avait le FN qui biche et si l'on ne votait pas dimanche ; s'il n'y avait le FN et un nain agité qui ne fait que nous dire que la république, on s'en tape, sous les applaudissements de son parti maculé d'affaires. 

Et l'on pourrait presque en rire s'il n'y avait les bruits de bottes en Crimée, s'il n'y avait des Syriens agonisants, des Centrafricains en souffrance, j'en passe et des pas mieux. Mais la science du compromis crasse, le déni de principes universels pervertissent tout ce monde. Berk !

Alors, comme dit Victor Hugo :

"Parfois, je me sens pris d'horreur


Parfois, je me sens pris d'horreur pour cette terre ;
Mon vers semble la bouche ouverte d'un cratère ; 
J'ai le farouche émoi
Que donne l'ouragan monstrueux au grand arbre ;
Mon cœur prend feu ; je sens tout ce que j'ai de marbre 
Devenir lave en moi ;

Quoi ! Rien de vrai ! Le scribe a pour appui le reître ;
Toutes les robes, juges et vierges, femme et prêtre,
Mentent ou mentiront ;
Le dogme boit du sang, l'autel bénit le crime ;
Toutes les vérités, groupe triste et sublime,
Ont la rougeur au front ;

La sinistre lueur des rois est sur nos têtes ;
Le temple est plein d'enfer ; la clarté de nos fêtes 
Obscurcit le ciel bleu ;
L'âme a le penchement d'un navire qui sombre ;
Et les religions, à tâtons, ont dans l'ombre
Pris le démon pour Dieu !

Oh ! qui me donnera des paroles terribles ?
Oh ! Je déchirerai ces chartes et ces bibles,
Ces codes, ces korans !
Je pousserai le cri profond des catactrophes ;
Et je vous saisirai, sophistes, dans mes strophes,
Dans mes ongles, tyrans !

Ainsi, frémissant, pâle, indigné, je bouillonne ;
On ne sait quel essaim d'aigles noirs tourbillonne
Dans mon ciel embrasé ;
Deuil ! Guerre ! Une euménide en mon âme est éclose !
Quoi ! le mal est partout ! Je regarde une rose
Et je suis apaisée."




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