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Affichage des articles du janvier, 2015

"La rougeur de la tâche"

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" (...) À mesure qu'au fond du firmament obscur L'obscurit é croissait comme un effrayant mur, L' é chafaud, bloc hideux de charpentes fun è bres, S'emplissait de noirceur et devenait t é n è bres ; Les horloges sonnaient, non l'heure, mais le glas ; Et toujours, sur l'acier, quoique le coutelas Ne f û t plus qu'une forme é pouvantable et sombre, La rougeur de la t â che apparaissait dans l'ombre. (...)" 30 mars 1856 Victor Hugo, L'Echafaud, in La L é gende des si è cles. Il est de pénibles concordances. Il y a quelques heures, En G é orgie, Warren Hill, 54 ans et d é ficient mental, s'est vu administrer une injection l é tale apr è s 24 ans pass é s dans les couloirs de la mort. Grâce refus é e, sanction ex é cut é e. Exit les droits de l'homme et la protection due aux personnes souffrant de troubles mentaux. Point. Sujet suivant. Hier, l'Express.fr faisait part d'un amendement pou

Consternante consternation

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Etonnants paradoxes. Le 11 janvier, nous étions des centaines de milliers, ici et ailleurs, à défendre d’une apparente même voix la liberté d’expression. Quinze jours plus tard, nous sommes nombreux à nous interroger sur la question des limites à la liberté d’expression : limites d’offense, limites de calomnie, limites de mensonge… et que sais-je encore ? En ce domaine, il me semble, point ne faut de limites et je revendique le droit absolu de dire des conneries, l’entière liberté de me gausser, de caricaturer, de dénoncer… et même parfois de n’être ni potiche, ni idiote… et parfois si ! Cela ne m’empêche pas de penser que certains feraient mieux de se taire. En tête de ceux-là, l’ex-Président Nicolas Sarkozy, destructeur de services publics, étrangleur des associations de terrain, nihiliste de l’éducation, adepte du nettoyage au karcher et grand bâtisseur du bouclier fiscal. Parce que, voyez-vous monsieur l’ex-président de “presque feu la république”, s’il

République divisible

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Voilà que les changements qui grondaient sont aujourd'hui avérés. Désormais, le monde entier se partage en deux : d'un côté les Charlie, de l'autre, les anti Charlie. D'un côté, ceux qui défendent la liberté d'expression à tout prix ; de l'autre, ceux qui exigent du sacré.  Je voudrais citer le philosophe Alain.  Je l'ai déjà souvent fait - cette citation exactement - mais elle est de circonstance : " Tout homme persécute s'il ne peut convaincre. À quoi remédie la culture qui rend la diversité adorable. " Bien sûr, je suis dans le premier camps, justement parce que la liberté d'expression m'offre la diversité culturelle dans laquelle je peux piocher pour construire ma propre conscience, au fil du temps. Je parle là de spiritualité ; cela même que les religions prétendent être les seules à contenter.  Mais on ne peut pas ignorer que les hommes ont besoin de se trouver un totem à partager, un religere, quel qu'il soit : quelque chose

En douceur

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On enterre ces jours-ci les assassinés de Charlie.  Dans les écoles, on tente d'assumer que des enfants de 10 ans aient tenu tête à leurs enseignants et refusé de respecter la minute de silence. Hier ont été diffusées sur les réseaux sociaux, des images de Baga au Nigeria : place jonchée de corps par dizaines, mouches bourdonnantes et suceuses de cadavres. Insoutenable carnage ! Où est l'insulte au prophète sinon dans ces corps massacrés en son nom ? Fatiguée des hommes, je m'en vais rendre hommage à Dame Nature.  Il n'y a que face à elle que je doute vraiment, il n'y a que dans la contemplation de ses merveilles qu'il m'arrive de penser "Dieu, que c'est beau !" et Spinoza n'est pas loin de me convaincre : "deus sive natura". Ce week-end débutent les premières Rencontres des peintres de montagne en Dauphiné et je compte parmi la quinzaine d'exposants. Je serai sur place pour dédicacer Seyraq samedi et dim

Nombreux, les innombrables

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1,5, 3, 4 millions... Nous étions innombrables à pleurer les 17. Nous étions innombrables et Charlie paraîtra demain : 25 pays, 3 millions d'exemplaires.  J'ai pleuré pour Charlie, me suis inquiétée pour les otages. J'ai marché avec tout le monde, comme un seul homme. Mais là, c'est bon ! Après cinquante experts me parlant des filières djihâdistes entre Europe et Syrie, dix huit analyses proposant des solutions sécuritaires et préventives, cent portraits de Coulibaly, potes et femme... Après tout cela et la Une de Charlie, resterait-il une place pour nous parler d´actu, nous raconter un peu ce qui ne change pas en vrai ? 2000 corps amoncelés dans les rue de Baga et les villages rasés de ce Nord Nigeria valent bien les Unes de nos journaux. Comme cette unique fillette qu'on envoie à la mort pour de trop pieux mensonges... Comme ces morts qu'on ne compte plus, en Syrie ou ailleurs...  Comme les enfants qui dorment au coin de rues trop sales. Où est Charlie au cœur

Quelque chose a changé

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Quelque chose à changé. Mosquées incendiées, tags obscènes, agressions... Et pire encore : ce regard baissé des musulmans de mon quartier, leur sourires gênés quand il y a trois jours encore, ils affichaient toutes leurs dents pour me saluer... Et puis ces mots qu'ils retiennent, ces regards qui n'osent plus, cette question qui affleure au bord de leurs lèvres : toi la blonde qui hier me souriais avec chaleur, m'aimes-tu encore après cela ? Comme avant cette folie perpétrée au nom de mon Dieu ? Comment leur dire ? Comment leur dire que leur dieu ne m'intéresse pas plus que le mien ? Comment leur dire que j'aime toujours autant la voix d'Oum Kalsoum, le raï, la poésie des textes de l'ancienne perse, etc. ? Comment leur dire enfin qu'aucun d'eux n'est pour moi arabe ou musulman? Comment leur dire que seul m'importe qu'ils continuent de m'offrir leur sourire chaleureux ? Qu'ils me demandent encore des nouvelles de me

Charlie for ever

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À vous, les empêcheurs de penser, les assassins de la beauté, les tueurs de l'intelligence. À vous, les intégristes de tous poils (et imberbes aussi), vous qui organisez l'ignorance pour museler les pensées, vous qui butez de sang froid des types qui ont le cœur sur la main, il faut que je vous dise pour calmer ma colère : Marianne a le buste généreux, seins tendus et décolleté plongeant... Et Marianne vous emmerde : elle nourrit son peuple et stimule leur imagination. Marianne porte des mini-jupes et des bottes à talons... Et Marianne vous emmerde : elle aime le vent sur sa peau, le galbe d'un mollet, la sensualité qui nourrit sa culture. Marianne a le verbe haut et la langue bien pendue... et Marianne vous emmerde : elle fragilise les certitudes et construit des remparts contre l'obscurantisme. Et moi, ce matin, j'ai la gueule de bois. La sidération me cloue au sol. J'ai perdu mes mentors sous les balles idiotes de  djihâdistes délirants, là, en bas d