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Affichage des articles du juillet, 2014

Poussières d'étoile au festival Ancres et Encres

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POUSSIERES D'ETOILES "A vous tous mes amis,  Je vous laisse ces mots, ces modestes regards Que j'ai glâné ici ou là, au hasard, Comme un peintre qui pose les couleurs sur sa toile." Marc Queyras C'est avec ces quatre lignes que mon père ouvre son recueil de poésies. Quatre lignes qui racontent la générosité, l'ouverture aux autres et la fragilité de ce petit homme discret qu'est mon père.  J'ai tant aimé lire et relire ses poèmes à tête reposée, les faire miens pour mieux les illustrer, en parler avec lui, choisir le papier et avancer, pas à pas, dans la réalisation de ce livre. Ce fut une expérience unique : parce que c'est mon père (et que j'ai passé l'âge de me défier d'Oedipe), parce que, surtout, ses textes sont magnifiques, éminemment généreux ; ils sont ceux d'un homme à vif, ceux de celui, qui — j'en suis sûre ! — me recommanda aux muses pour qu'elles me soient prodigues. Samedi et dima

Extraits d'iris

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Mes muses habitent un jardin des Hautes-Alpes : celui de Coste Belle, mon coin de paradis sis à Puy-Saint-Vincent sur le lieu-dit du Serre et Coste-Telme. En arrivant ce printemps, je les ai dénichées en bordure de muret. Profitant de mon absence, elles avaient fait pousser une chevelure hirsute sur un visage de pierre.  Gros nez, mine réjouie et cheveux fous : là se cachait un lutin que le soleil ravissait et que le vent chatouillait. Il me semblait le voir narines frissonnantes, humer tous les parfums de ce printemps naissant : asters, iris, corbeilles d'argent, ancolies par dizaines, clématite généreuse, premiers boutons de roses, premières pivoines, premiers pavots et partout, une multitude de pousses et radicelles annonçant les suivantes : lavatères, sauge, lys martagon, panicauts, oursins de Provence, gentianes, hellébores… et toutes celles dont j'ignore le nom.  Le lundi pourtant, il nous fallut quitter mon Eden florifère. Je me lamentais : six à huit semaines

Les reste-à-terre / toucher le ciel

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A Ceillac début juin, la foule des estivants n'était pas arrivée. Les passants se faisaient rares : un couple promenait une poussette, une femme songeuse laissait gambader son chien, quelques voitures roulaient au pas. A peu d'exceptions près, ce jour-là, ce grand pré n'accueillait guère d'humains sinon ceux qui arrivaient du ciel en se posant vent de face, par quelques pas courus, avec, dans leur sillage, une voile écarlate et des suspentes discrètes. Pour l'heure, ils étaient en plein ciel. J'avais refermé mes fioles d'encre et mon pot de liant pour mieux admirer ces gigantesques papillons à l'aile unique. Sur la plus grande de mes feuilles, séchaient ensemble mes bouts de route et mes couleurs . Demeurait une nouvelle page blanche, d'un format plus petit. Le nez planté au ciel, je savais qu'il me fallait m'occuper de celle-ci ; le temps, sinon, me manquerait pour le séchage.  J'étais une peintre reste-à-terre. Je plongeais