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Affichage des articles du février, 2013

Un brin d'espoir en Syrie… sauf que l'arbitre est russe.

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Ecœuré par les promesses non tenues et l'inertie des pays occidentaux, le chef de l'opposition syrienne Ahmed Moaz Al-Khatib prévoyait de boycotter la réunion des Amis de la Syrie qui se tient aujourd'hui à Rome, ville sans doute davantage préoccupée par le départ du pape et la crise politique de l'Italie que par le sort de la Syrie. Finalement, il a rencontré John Kerry ce matin. Les raisons de ce changement ? Des rumeurs qui se font de plus en plus précises et relayées mercredi par le Washington Post : "L'administration Obama s'oriente vers un changement majeur de politique en Syrie, qui pourrait se traduire par la fourniture d'équipements aux rebelles tels que des gilets pare-balles, des véhicules blindés, et peut-être une formation militaire (...) ".  L'annonce tombait à point nommé : le secrétaire d'Etat américain avait rencontré la veille le ministre russe des Affaires étrangère Sergueï Lavrov et il s'apprêtait à discu

Bachar al Assad ou comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer la bombe*

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La nouvelle est passée, rapide et vite effacée. Human Rights Watch (HRW) soupçonne l'envoi de missiles balistiques sur Alep . Pas sûre, pas vérifiée, supposée. Mais comment vérifier ? Toujours est-il que trois missiles sont tombés sur Alep la semaine dernière, faisant plus de 140 morts dont 71 enfants, et qu'un quatrième a touché Tel Riffat, au nord d'Alep. Toujours est-il que ces missiles sont tombés sans qu'aucun avion n'ait été repéré dans le ciel. Toujours est-il qu'une fois de plus, ces missiles ont touché des civils : une vingtaine de maisons à chaque frappe. Selon HRW, aucun combattant rebelle ne se trouvait dans ces zones. Encore une nouvelle violation - impunie - des conventions de Genève. Hier encore, rebelles et armée syrienne s'affrontaient autour de la grande mosquée d'Alep qui avait déjà été partiellement détruite. La télévision officielle accuse les rebelles d'en avoir fait exploser l'enceinte sud. Comment savo

Jour de deuil

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J'avais hier soir préparé quelques dessins pour rire : un cardinal en kilt parlant comme Bardot dans le Mépris, un Peillon suspendu aux pendules molles d'une salle de classe, un DSK masquant sa verge vaillante entre les pages d'un livre… Arrivée ce matin en mon atelier, j'ai, comme chaque jour, allumé la radio… ce fond sonore, ce fond d'info. J'avais l'humeur rieuse, badine, légère. Puis la nouvelle est tombée, implacable : "Stéphane Hessel est mort". Consternation.  Je voudrais rendre hommage au grand homme, dire combien ses livres, ses mots, ses poésies déclamées dans les meetings ont forgé ma conscience, titiller la nécessité d'un engagement. Dire que ce blog, ces dessins, sont nés de cela, de son indignation qui était bien plus que cela : un irrépressible amour de la vie qui n'aurait pu se contenter d'un à-peu-près, d'un compromis sur la vie.  Mais aucun de mes mots – je le crains – n'aura assez de force pou

Boko Haram, etc.

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Cette nuit enfin, nous recevions des nouvelles des sept otages français enlevés il y a tout juste une semaine à la frontière entre le Cameroun et le Nigeria. Après les fausses bonnes nouvelles est venue la mauvaise : la revendication par Boko Haram de l'enlèvement des ressortissants français qui avaient emmené leurs minots voir en vrai les animaux de la savane africaine au Cameroun, pays jusqu'alors jugé sûr.  Maintenant, il semble que nous savons. En fait, nous ne sommes sûrs de pas grand chose, sinon de ce qui nous a été odieusement exhibé : quatre gosses au regard perdu, égarés dans un cauchemar, et trois adultes effarés, apeurés… trois parents en sursis et dont la main hésitante se pose maladroitement sur l'épaule d'un petit, impuissante. Boko Haram n'est pas née de la dernière pluie, ni de la dernière goutte de pétrole puisée dans les grands fonds du Golfe de Guinée. Fondée en 2002, la secte djihadiste se voulait redresseur de tord des musulmans peu

Le doigt de Grillo

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Aux dernières élections en Italie, il n'y a qu'un vainqueur et ce n'est sans doute pas l'Italie. Hier, le seul à sortir des urnes la tête haute est un comique, un bouffon : Beppe Grillo. Nous ne jetterons pas la pierre aux Italiens, nous qui laissons grimper une Marine Le Pen qui n'est même pas drôle : force est d'admettre que nos dirigeants n'ont guère fait la preuve de leur capacité à gouverner avec justice et nul ne les prend plus au sérieux. Mario Monti est loin de faire exception et s'il a les faveurs de l'Union européenne - c'est un pur financier! - on ne peut pas dire qu'il ait convaincu les Italiens. Et pour cause, son plan de rigueur drastique n'a eu que les applaudissements des marchés mais n'a en rien réduit la dette italienne qui s'est alourdie de la bagatelle de 100 milliards d'euros ! Dont acte, Pier Luigi Bersani, homme qui s'affiche de centre gauche et dont le parti est arrivé en tête au parlemen

Contre les détentions abusives en Israël

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En juin 2012, selon Amnesty International, Israël comptait quelques 300 Palestiniens en détention administrative, "sans perspective de jugement pour une quelconque infraction pénale". Une violation manifeste du droit des détenus à bénéficier d'un procès équitable. Ce week-end, une missive est arrivée dans ma boîte mail par l'intermédiaire de membres du réseau Roosevelt 2012. Elle est datée du 16 février et est signée de Samer Issawi, 34 ans, prisonnier dans les geôles israéliennes depuis juillet 2012 et en grève de la faim depuis le 29 juillet. Ce week-end aussi, juste après que j'aie reçu cette lettre, un autre Palestinien, emprisonné depuis 5 jours, est mort derrière les barreaux de la prison de Meggido. Officiellement, d'un arrêt cardiaque… Mais la foule qui manifeste encore en ce moment à Gaza en doute : avant d'être "interrogé" dans les prisons israéliennes, ce père de deux enfants était en bonne santé. Pour lui et pour les cent

Et toujours pas une tune

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Le moins qu'on puisse dire, c'est que les annonces du jour d'Olli Rehn — le commissaire en charge des affaires économiques et monétaires de la zone euro — ne sont pas de nature à remonter le moral des Européens en général et des Français en particulier. Rapide tour d'horizon des chiffres de la sinistrose. Premier constat, contrairement à quelques discours entendus en décembre , la crise n'est pas tout à fait derrière nous : le PIB moyen sera en retrait de 0,3% cette année dans la zone euro et sept pays (Grèce, Espagne, Italie, Chypre, Pays-Bas, Portugal et Slovénie) seront en récession. Pire : austérité n'aidant guère, plus de 12 % de la population active européenne risque de se retrouver au chômage, soit pas moins de 20 millions de personnes.  En Grèce et en Espagne, ce taux devrait même dépasser les 27 % ! Si l'Espagne fait figure de parent (très) pauvre (10,2 % de déficit public en 2012 et 6,7 % en 2013), la France – deuxième économie d

Le n°32 de la semaine ARySQUE

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Fidèle au rendez-vous du vendredi, voici venu le nouveau numéro de la Semaine ARySQUE avec pas mal de dessins inédits, les chroniques quotidiennes ayant été moins nombreuses cette semaine. Pour découvrir ce numéro et faire un point, non exhaustif, sur l'actu de la semaine passée, cliquez sur sa couverture ci-dessous. Bonne lecture.

On gazouille autour du perchoir

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 Ce n'est pas parce qu'il n'y a qu'un perchoir à l'Assemblée nationale qu'il n'y en a qu'un qui gazouille. En fait, ça tweet dans tous les sens dans l'hémicycle , au point de provoquer des interruptions de séance et l'usage des tweets fait lui-même de plus en plus débat, certains se demandant même si, pour la sérénité des débats, il ne serait pas opportun d'y couper le wifi.  Certes, c'est énervant ces gens qui pianotent sur leur portable ou leur tablette pendant qu'on cause entre soi. C'est impoli, irrespectueux, sorti du contexte et patati et patatweet. Alors, tweet ou pas tweet dans l'hémicycle en direct live ? La question pourrait paraître anecdotique sauf qu'elle met en lumière une évolution majeure dans le jeu politique : autrefois, les femmes et les hommes politiques pouvaient prévoir leur communication et border les éventuels dérapages. Le jeu politique se partageait entre trois paramètres : le vote, la ru

Lettre ouverte à Morry Taylor

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Paris, le 20 février 2013 Cher Monsieur Taylor, Le Ministère du redressement productif a bien reçu votre lettre et la France entière a pu en prendre connaissance.  Sachez que c'est sans regret que nous apprenons que vous renoncez à reprendre Goodyear. Comme vous le savez, cela fait un certain temps que nous avons aboli l'esclavage et que nous tentons – pas toujours avec succès il est vrai, les temps sont durs ! – de permettre à nos ouvriers de travailler dignement et de vivre de même. On dit ici que vous estimez qu'un dirigeant ne doit pas gagner plus de 20 fois le salaire minimum de ses collaborateurs. C'est louable et nous sommes heureux d'apprendre que vous vous apprêtez donc à baisser vos revenus à 20 dollars de l'heure, ce qui, il nous faut l'admettre, sera largement en deçà des revenus de notre Carlos Ghosn dont on sait les brillants résultats. Nous vous laissons donc dépenser votre argent comme bon vous semble et espérons q

Hollande encaisse en mode Royal

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A priori, tout était réuni pour faire de la journée d'hier un jour de gloire pour François Hollande : le Président français était en Grèce où son discours sur la croissance a quelque popularité et l'on avait même, là-bas, réquisitionné les journalistes en grève pour qu'ils couvrent l'événement.  Mais bing et bang : sept ressortissants français, dont 4 enfants, ont été pris en otages au nord du Cameroun — dans un pays où nul n'avait encore jamais été enlevé – et quelques heures plus tard, on apprenait la mort d'un soldat français au Mali. Mardi noir donc pour le président de la république qui voit de surcroît sa côte de popularité baisser à nouveau (l'opération Serval approche de sa fin) et doit assumer nombre de dédits : la croissance n'est pas au rendez-vous, le pays ne tiendra pas ses objectifs, ministres et parlementaires socialistes s'inquiètent de la probable mise en œuvre d'une politique de rigueur, Martine Aubry s'agace du re

Gbagbo à la CPI

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C'est aujourd'hui que la Cour Pénale internationale commence à examiner le cas Gbagbo. Objectif : confirmer, ou non, que Laurent Gbagbo, ex-dirigeant de la Côte d'Ivoire, est bien le co-auteur indirect de crimes contre l'humanité. Zoom arrière : en 2010, les Ivoiriens étaient appelés aux urnes. Résultat : Ouattara est donné vainqueur mais le clan Gbagbo, président sortant, accuse le camp adverse de fraudes et Gbago refuse de quitter le pouvoir. Dès lors, le pays plonge dans une crise majeure, à la limite de la guerre civile. On se souvient notamment des obus lâchés sur un marché, de la dispersion à la mitraillette d'une manifestation de femmes et des quelques massacres sanglants dans des quartiers pauvres d'Abidjan ou des charniers de l'université de Cocody . La réconciliation nationale est encore des plus précaires en Côte d'Ivoire. Quatre chefs d'accusation visent Laurent Gbagbo : meurtre, viol et violences sexuelles, actes de persécutio

Enfants du Mali

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J'habite un quartier qui fut, il y a quelques années, une destination de prédilection pour l'immigration malienne. Je me souviens de ces gosses qui s'asseyaient sur les mêmes bancs que mes filles. Je me souviens surtout de ce minot fugueur que j'ai parfois récupéré devant l'école pour le remettre en classe et qui me suivait dans un éclat de rire, en me donnant sa petite main et me disant, le sourire jusqu'aux oreilles, "ta fille, moi, je la marierai." Il avait 5 ans et cela me faisait hurler de rire.  Sa sœur ainée était une terreur perchée sur les hauts talons de sa mère, une gamine de 12 ans qui me dépassait d'une tête et qui s'occupait de toute la fratrie.  J'aimais ces gosses et j'aimais leur rire. J'aimais ces gosses et je devinais leur isolement, le marasme familial et la violence subie là-bas, dans l'immense misère qui les avait menés ici, jusqu'à cette école de l'est parisien. Puis, ils sont partis, pris

ParentS… au pluriel

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En ce quatrième jour de manifestation en hauteur, je me demande comment le petit Benoît voit son père quand il est perché sur une grue, le réclamant corps et cris. Pense-t-il que son père l'aime ou qu'il est fou ? Pense-t-il qu'il se bat comme un père ou qu'il délire comme un forcené ?  J'imagine que le regard d'un enfant privé de son père dépend du discours de sa mère et c'est bien là que le bas blesse : il n'est pas contredit. Une maman, un papa Une maman, une maman Un papa, un papa. Il faut être plus d'un pour être parents et j'ai grande crainte de la toute puissance maternelle.  Le père, parfois, doit savoir s'imposer, droits et devoirs et je préfère un papa grimpé sur une grue qu'un père défaillant. Mais vrai : je ne sais rien de cette histoire privée. A lire, le papier de Béatrice Copper-Royer via leMonde.

Oups ! Mea culpa

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"Quand on n'a pas de tête, faut avoir des jambes".  J'ai pu ce matin expérimenté l'adage en grimpant mes cinq étages pour corriger l'énorme bourde laissée dans le n°31 de la Semaine ARySQUE : une info que j'avais placée comme ça et que je devais changer… et puis j'ai oublié. Donc : contrairement à ce qui était écrit dans ce numéro 31, dans la Rubrique Ailleurs, ce n'est pas le toit de la structure de confinement des réacteurs de Tchernobyl qui s'est effondré mais celui du bâtiment des turbines. C'est heureux parce que si mes propos étaient avérés, on aurait eu droit à un aérosol radioactif plutôt meurtrier… Bon voilà : le numéro 31 est corrigé, vous pouvez maintenant y aller sans crainte. Toutes mes excuses pour cette énorme bourde. Et bon week-end à tous.

La Semaine ARySQUE du vendredi

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Voici venu le jour de la Semaine ARySQUE. Au sommaire cette semaine, la viande de cheval et le pape, bien sûr, mais aussi le Mali, la Syrie, j'en passe et des bien pires. Pour le découvrir, cliquez sur la Une ci-dessous et n'hésitez pas à cliquer sur les liens à l'intérieur des pages si vous avez raté des chroniques cette semaine. Bonne lecture.

"Le petit bruit de l'œuf dur"

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Il y avait eu ce vieil homme qui s'était tiré une balle dans la tête en pleine rue, à Athènes. Il y a eu aussi ceux disparus en silence, dans leur maison, ou morts de froids dans la rue. Et il y a eu, mercredi, ce chômeur en fin de droit, immolé à Nantes. J'en entends qui critiquent et qui jugent : le manque de courage, l'égoïsme des suicidés… Mais la misère rend fou. La misère est un plongeon dans la dégradation… et je pense, comme Prévert, que souvent, "le désespoir est assis sur un banc" et que la faim mène aux pires excès…  Parce qu'il est terrible le bruit de la misère qui lancine dans la tête éreintée des ventres vides. La grasse matinée Il est terrible le petit bruit de l'œuf dur cassé sur un comptoir d'étain il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim elle est terrible aussi la tête de l'homme la tête de l'homme qui a faim quand il se regarde à six heures du matin dans la g

Loveland

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  Peu m'importe que la fête soit commerciale * .  Peu m'importe que d'aucun trouve cela très mièvre : I'm in love et il n'y a rien de meilleur en ce monde.  Alors, bonne Saint-Valentin à tous et que chacun aime sa chacune… ou son chacun. * Permettez quand même que j'en profite pour faire un peu de pub pour l'un de mes anciens travaux : j'ai écrit et dessiné il y a déjà un moment un petit livre qui ne parle que d'amour… ou presque. Le livre des Errances est en ligne et si quelqu'un veut acquérir la version imprimée et l'offrir à sa douce ou son doux, il me reste 5 exemplaires numérotés et signés (50 €) et je suis à l'atelier cet après-midi (ParisXI). Contactez-mo i

A cheval sur les drames humains

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 Il aura suffi de peu. Il aura suffi que quelques équidés tapent l'incruste dans les lasagnes au bœuf et qu'un pape tire sa révérence pour que le silence se fasse sur l'essentiel. Les ondes sont sélectives : exit le Mali, exit la Syrie, exit aussi la disparition du PEAD remplacé par un FEAD au budget amputé d'un milliard, j'en passe et des bien pires.  Alors permettez qu'ici, je dise que je m'en tape des plats cuisinés et que je trouve indécente cette frénésie médiatique quand nombre de citoyens du monde - et en France aussi - regrettent de n'avoir pas le moindre morceau de viande à se mettre sous les crocs. Permettez aussi que je revienne sur les drames humains au nord du Mali : on fait comme si la guerre était terminée, ou presque, comme si la France victorieuse avait remis sur pied un pays exsangue. Il n'en est rien. Certes, les Etats-Unis ont débloqué 50 millions de dollars d'aide pour les armées française et tchadienne au Mali,

Le pape est…

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Il ne démissionne pas et il n'est pas mort, il renonce et voilà 6 siècles que cela n'était pas arrivé : exit le pape, exit Benoît XVI. Et comme à chaque fois que s'annoncent de nouvelles élections papales, me revient en mémoire une comptine de mon enfance : Le pape est mort Un nouveau pape est appelé à régner. Araignée ? quel drôle de nom ! pourquoi pas libellule ou papillon ? Je sais, c'est ridicule et m'étant absentée plus d'un week-end, j'aurais du faire mieux. Seulement voilà, j'ai chantonné cette comptine quand j'étais enfant et j'en riais aux larmes comme s'il s'était agi du pire des blasphèmes : c'est que dans les familles catho, en ce temps-là, on ne se moquait pas du pape. Moi si ! Et là, tout de suite, je dois avouer que la renonciation du pape ne m'inspire rien… Sauf que je doute de regretter celui-ci.

Le n°30 de La Semaine ARySQUE est en ligne

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Comme chaque vendredi, voici venu le nouveau numéro de la Semaine ARySQUE, pour faire le point sur la semaine passée. A découvrir en cliquant sur sa Une. Bonne lecture.

"Le nouveau monde arabe"

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  C'est l'une des citations que je préfère et elle nous vient du philosophe Alain : "tout homme persécute s'il ne peut convaincre. A quoi remédie la culture qui rend la diversité adorable". Alors que des dizaines de milliers de personnes se sont réunies dans la banlieue de Tunis pour enterrer Chokri Belaïd, je pense à ces deux phrases. Pourquoi ? Parce que la Tunisie est d'abord un pays instruit. Dans ce pays, l'éducation est depuis longtemps une priorité et la part annuelle allouée à l'éducation avoisine 7 % du PIB (6,6 % en France). Comme le soulignait Emmanuel Todd dans une interview donnée à Libération en janvier 2011, "l'alphabétisation y est quasi achevée" . Ce n'est donc sans doute pas un hasard si c'est en Tunisie qu'est né le "Printemps arabe" : il y a deux ans, ce peuple instruit, qui se savait capable de choisir son destin, a décidé de mettre fin à la dictature de Ben Ali…  Souvenez-vous l&

Quand l'islam refuse le djihad

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Cela serait sans doute passé inaperçu ici, s'il n'y avait eu cet article signé Michel Rocard dans le Monde : deux des plus hauts et des plus populaires dignitaires musulmans au Mali saluent l'intervention de la France mais surtout la constitution d'une force africaine unie qui se met en marche pour empêcher une armée de djihadistes "mafieux" de prendre possession du Sahel. Ces deux hommes ne sont peut-être pas les plus modérés des musulmans. Ils ne s'en sont pas moins attaqué à ceux qui utilisent l'islam comme étendard au banditisme. Permettez que je reprenne les citations de ces hommes telles que présentées par Michel Rocard :  "AQMI, Ansar Eddine, Mujao : c'est pareil. Ce sont des bandits et des trafiquants de drogue qui utilisent la religion comme couverture  (…) Il va falloir mener une guerre idéologique et dénoncer ceux qui se disent musulmans et qui sèment la mort" . La phrase est de Cherif Ousmane Haïdara (à droite su

Le silence du deuil (2)

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Arrivée ce matin à l'atelier la tête pleine d'une saine légèreté, j'avais pensé ironiser un peu, à mon tour, sur les "petits bouts" qui font exploser de rire la Garde des sceaux.  J'avais aussi imaginé pouvoir faire la leçon à ces idiots plein de fiel qui stigmatisent le projet d'ouverture d'une salle de shoot à Paris en faisant l'amalgame entre délinquance et maladie. J'espérais ainsi tordre le cou à un Gilbert Collard - hélas député - qui jugeait cohérent d'ouvrir aussi des "salles de viol"… J'allais même me moquer de Jean-François Copé qui avait, en temps de campagne pour la présidence de l'UMP, surfé abondamment sur les idées frontistes, prolongeant l'œuvre de banalisation qu'avait savamment entreprise Nicolas Sarkozy… Puis, la nouvelle est tombée, ultime désillusion des printemps arabes : Chokri Belaïd a été assassiné . Une balle dans la tête, une autre dans le cou.

Quand la réalité dépasse la fiction

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 Lu hier soir dans le Monde ( Déchets radioactifs : un stockage pour l'éternité) :  "A 490 mètres sous terre (…), l'agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a creusé un laboratoire d'étude sur l'enfouissement des déchets les plus dangereux de l'industrie nucléaire française. Dans cette formation d'argile, quelques kilomètres plus loin, elle prévoit de construire un centre industriel de stockage géologique ( Cigeo ). Un gigantesque cimetière nucléaire de 15 Km2 de galeries et d'alvéoles, dans lesquels les radioéléments devront être confinés pour l'éternité ou presque : leur durée de vie se compte en centaines de milliers d'années, pour certains en millions d'années." - Des déchets nucléaires enfouis pour l'éternité à une grande profondeur ? Bigre ! ai-je lâché ! Là, j'ai tenté la mesure, considérant que puisque nous avons ces déchets sur les bras, "il faut bien qu'on les mette kekpar

Pour ceux qui ont faim

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 "Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…", l'Europe en ce temps-là… En ce temps-là, Espagne, Italie, Grèce et Portugal étaient des pays pauvres. En ce temps-là, l'Allemagne était coupé en deux et l'Irlande moribonde. Mais c'était un temps de croissance et nous avons vu, grâce à la dynamique européenne, ces pays se redresser et leur économie atteindre, peu ou prou, des standards proches des nôtres. On appelait cela la solidarité : c'était un pilier de la construction européenne, cela même qui mit fin aux conflits qui avaient jusqu'alors émaillé l'histoire de ce continent, cela même qui permit à l'Europe d'être désignée Nobel de la paix l'an dernier. Dans la longue histoire de la construction européenne, une date symbolique : la création en 1987 du PEAD, le programme d'aide aux plus démunis. Parce que malgré  la naissance de cette immense puissance économique qu'était devenue

Le Serval et le coq

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Après un week-end au cours duquel nous avons entendu et réentendu les Maliens remercier la France, où l'on nous a étalé l'émotion du Ministre des affaires étrangères essuyant sa larme émue devant tant de reconnaissance ; après un week-end où l'on a voulu nous dire que le Mali était tellement sécurisé que même le président de la république pouvait se rendre sur place sans craindre pour sa vie… Joe Biden, est venu en personne féliciter le président de son initiative malienne… et appuyer sa demande d'une intervention des casques bleus. Pendant ce temps-là, les associations manifestaient leur crainte de voir disparaître l'aide humanitaire et un papa portait plainte pour le déces in utero de son gamin dont la mère n'a pas trouvé de place à l'hôpital pour accoucher à la date prévue. Cocorico chante le coq… les deux pieds dans la merde.