République divisible



Voilà que les changements qui grondaient sont aujourd'hui avérés.
Désormais, le monde entier se partage en deux : d'un côté les Charlie, de l'autre, les anti Charlie. D'un côté, ceux qui défendent la liberté d'expression à tout prix ; de l'autre, ceux qui exigent du sacré. 

Je voudrais citer le philosophe Alain. 
Je l'ai déjà souvent fait - cette citation exactement - mais elle est de circonstance : " Tout homme persécute s'il ne peut convaincre. À quoi remédie la culture qui rend la diversité adorable. "

Bien sûr, je suis dans le premier camps, justement parce que la liberté d'expression m'offre la diversité culturelle dans laquelle je peux piocher pour construire ma propre conscience, au fil du temps. Je parle là de spiritualité ; cela même que les religions prétendent être les seules à contenter. 

Mais on ne peut pas ignorer que les hommes ont besoin de se trouver un totem à partager, un religere, quel qu'il soit : quelque chose qui fasse tenir ensemble le corps social. 
Or, nos démocraties ont vraisemblablement échoué sur ce terrain-là... à moins, peut-être, qu'elles n'aient entretenu en leur sein, un peuple d'exclus de la citoyenneté effective. Pour preuve, les abstentions record. Pour preuve encore, la montée des revendications contre républicaines, notamment religieuses.

Quoiqu'on en dise, ce qui avait fait la force d'attraction de nos démocraties tenait sans doute à la montée des classes moyennes, à l'existence d'une majorité vivant dans des conditions dignes et qui pouvait espérer vivre mieux encore. Or la classe moyenne, dans nos démocraties, s'étiole comme peau de chagrin tandis que grossit la proportion de pauvres et de très pauvres. Autant d'exclus que l'amertume gagne et qui ne mesurent guère l'intérêt de notre système démocratique pour leur propre existence. 

Alors que les écarts de richesse ne cessent de croître jusqu'à l'obscénité, on fait mine de croire que quelques cours d'instruction civique et des mesures répressives contre les djihâdistes suffiront à apaiser les tensions. Mais tout cela ne servira à rien si l'on ne redonne pas un peu d'espoir à ceux qui n'en ont plus. Tout ceci sera vain sans un minimum de justice sociale. 
Sans parler d'apartheid, force est d'admettre que la République, ces temps-ci, n'est plus Une. Elle est donc probablement éminemment divisible. 

Flippant !

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