Des pans de savoir partis en fumée

Il y aurait à Tombouctou plus de 100 000 manuscrits, les plus anciens datant du XIIe siècle. Possessions de vieilles familles, ils sont disséminés ça et là dans les maisons et les bibliothèques de la ville et de ses environs. Ils y sont conservés précieusement depuis des lustres, par les chefs de famille ou les religieux. 
En arabe ou en peul, ils racontent l'Islam, la botanique, l'astronomie, l'anatomie, la musique… Ils nous parviennent des anciens empires du Ghana, du Mali et Songhaï. Ils sont la preuve noir ou brun sur jaune passé, de l'extraordinaire dynamisme culturel que connut ce pays touareg qui compterait, au total, plus de 400 000 manuscrits.

Aujourd'hui, alors que les forces de l'opération Serval sont aux portes de Tombouctou, on apprend de la bouche du maire de la ville que les fous de dieu ont mis le feu à l'une des plus riches bibliothèques : celle de l'institut Ahmed Baba qui était parvenue à collecter quelque 18 000 ouvrages. 
Créé en 2009, cet institut avait pour vocation de protéger ces trésors de la mémoire des hommes contre les trafics et l'usure du temps. La guerre a eu raison de cette ambition.

A leur arrivée, les obscurantistes avaient commencé par abimer la grande mosquée de Tombouctou — les œuvres en hors-d'œuvre —. Avant de quitter les lieux, ils viennent de détruire des traces de mémoire, des objets de savoir : les livres ont été leur dessert. 
Pas même parce qu'il fallait protéger les secrets des tortionnaires. Non, juste comme ça, pour le plaisir de voir brûler ce que l'homme a d'unique : la culture, les mots, le verbe ; la seule qualité qui l'aide, parfois, à côtoyer l'autre sans vouloir le tuer.
Quelle perte immense !



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