Serval, animal solitaire


L'opération Serval, tel est donc le nom que la France a donné à son intervention au Mali. 
Le Serval est un félin ronronneur capable d'uriner 30 fois par jour pour marquer son territoire. Sur ce point, la presse algérienne ironise en évoquant la volonté de la France d'imposer ses marques au Sahel. Si le gouvernement algérien s'est finalement résolu à soutenir du bout des lèvres l'intervention française, la presse, elle, est donc plus réservée.
Il faut dire qu'avec plus de 1300 kilomètres de frontières communes avec le Mali, en plein désert du Sahel, l'Algérie est en première ligne et l'on craint là-bas une déstabilisation du pays qui risque fort d'avoir quelques délicates tâches à accomplir pour sécuriser ses frontières, accueillir (ou non) des réfugiés, surveiller ses propres Touaregs… et craindre les actions terroristes sur son sol.

Reste qu'à ces réserves près, l'intervention de la France est plutôt bien vue du côté africain et François Hollande, dans ses habits de chef de guerre, se voit affublé, à Bamako, du sobriquet de "Hollande le Malien". 
En Europe, on le félicite et on le congratule et l'on espère qu'il sortira vite vainqueur de l'affaire… d'autant qu'on aimerait bien ne pas être obligés d'y aller, ni du côté allemand ou anglais, ni du côté de nos autres partenaires européens.

Aux Etats-Unis, enfin, on suit de près, tout en gardant ses distances. Il faut dire que les Etats-Unis d'Obama ont déjà beaucoup donné au Sahel : "entre 520 et 600 millions de dollars depuis 4 ans", d'après le New York Times, essentiellement pour financer l'armée malienne qui n'a pas réussi, malgré l'aide de l'oncle Sam, à contrer l'avancée jihadiste. L'aide américaine a donc tourné au fiasco. Pire, c'est cette même armée, conduite par le capitaine Amadou Haya Sanogo, entraîné lui aussi par les Américains, qui est à l'origine du putsh qui avait contraint le président élu Amadou Toumani Touré à quitter les lieux. On s'en souvient : c'était en mars dernier. Depuis lors, le Mali n'a pas cessé de s'enfoncer dans le chaos.

Aujourd'hui, les 750 soldats français engagés dans l'opération Serval attendent des renforts. Ils seront d'abord français (2 500 hommes prévus au total), puis africains d'ici une huitaine (les Nigerians seraient déjà sur le départ). 
Cette nuit, les Islamistes auraient quitté la ville de Diabili qu'ils avaient prise hier. 150 000 Maliens sont déjà réfugiés et 230 000 déplacés.

En voyage aux Emirats arabes unis où il a fait un point sur la situation malienne et appelé à anticipé l'après-pétrole, François Hollande, lui, a gagné sa posture internationale. Pour un peu, on en oublierait presque les grands écarts entre promesses de campagne et réalité balbutiante.

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