Le Lecteur du parc / lettre à Yu Man



Puy-Saint-Vincent, le 11 août 2016

Cher Yu,

Je suis au pays où le temps a le temps de passer sans qu'on s'en aperçoive, avec le bruissement des sauterelles et du vent dans les arbres, avec les pépiements des oiseaux et les étoiles filantes. Mais vrai: je vois aux fleurs qui ont fané et à celles qui ont fleuri que les jours ont accompli leur ouvrage et je ne t'ai pas encore écrit un seul mot.

Comment vas-tu dans ta mansarde ? Peut-être as-tu reçu la visite d'une Alice poursuivant son lapin blanc ? Il me tarde de voir si le temps sur ton corps a modifié ton teint.
Je rentre dans dix jours. Si tout se passe comme prévu, j'aurais dans mes valises un bouquet de fleurs-mots pour ton prochain jardin. Mais dans dix jours seulement. Regarde, pour l'heure les fleurs sont en chantier.



Tu m'as manqué Yu Man. Pourtant ici, tout me plaît : les généreuses hémérocales qui m'offrent leurs couleurs, les montagnes et le vent, les aigles et les "je t'aime" tombés du ciel, les essences des arbres et leur frondaisons contrastées de lumière.



Mais tu m'as manqué. Alors, hier, sur une branche de rosier qui séchait sur la lauze, je me suis inventé un ami forestier. Quand je le façonnais sous le soleil des Hautes-Alpes, c'étaient les mêmes gestes, les mêmes caresses pour bien lisser le plâtre et je pensais à toi, aux jours où tu pris corps sur ta chaise défoncée quand Paris se noyait. 


Je sais que te revoir me consolera un peu de quitter mon éden sous l'azur. Promis : je t'apporterai des photo du rosier cervidé que j'aurai terminé.

À très bientôt, Yu Man.
Tendresse.

ARySQUE

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