Le Génie en liberté 💚 le Onze

La liberté à besoin d'air, ©Arysque Travail proposé par le Génie de la Bastille dans le cadre du Génie en liberté 2020, à partir d'une boîte en carton contenant un petit génie de la Bastille en plomb.


La Biennale du Génie en liberté qui se tiendra du 25 au 27 septembre dans le XIe arrondissement de Paris est vraiment un super moment. 

Pour les visiteurs d'abord. Ils ont l'opportunité de se balader dans ces quartiers incroyables que sont Popincourt, Charonne, Saint-Antoine et autres faubourgs, tout en découvrant les ateliers des artistes du Génie de la Bastille, les petits passages et les courettes, ainsi que les galeries, commerces, etc. qui ont choisi de participer à l'événement. 

Pour les artistes participants aussi, c'est réjouissant. Cette année, l'association du Génie de la Bastille nous a réunis autour d'un objet : disposant d'un stock de petits génies en plomb, chacun dans sa boîte en carton, elle a proposé à tous les artistes exposants de réaliser une œuvre autour de cette figurine. Il y aura donc plusieurs dizaines de petits génies qui diront la diversité de nos personnalités et de nos techniques, et qui seront tous exposés ensemble du 22 au 27 septembre, de 14 à 20h, à la galerie du Génie de la Bastille. 

Pour ma part, j'ai profité de ce petit génie en plomb pour rendre hommage à ce quartier que j'aime tant : le Onze, IXBAR (XI), comme on dit parfois par ici.


Avant le Onze, entre Faubourg Saint-Antoine et Faubourg du Temple, c'étaient jadis vergers, prés, vignes et abbatiales. En 1657, les opiniâtres abbesses de Saint-Antoine obtinrent officiellement de Louis XIV l'exonération des obligations corporatistes pour les ateliers des faubourgs. Ce privilège permettait d'exercer son métier d'artisans sans l'intronisation des jurés corporatistes (et, soit-dit-en-passant, de payer les ouvriers au lance-pierres…). Il simplifiait donc considérablement l'installation des ateliers, et ils fleurirent, sur et autour du faubourg Saint-Antoine, par ailleurs peu éloigné de la Seine (puis, avec accès quasi direct au fleuve, après l'ouverture du canal Saint-Martin en 1825). Dans ces petites fabriques de meubles, ferronneries, etc, travaillaient des étrangers miséreux venus d'abord des campagnes ruinées par les guerres incessantes, puis de toute l'Europe… À peine un siècle plus tard, ce onzième populaire, métissé, et épris de liberté, sera de toutes les révolutions. En 1871, il abritera l'ultime bastion des Communards. 

Aujourd'hui, on y parle de gentrification et elle est évidente. Mais on ne peut pas, ici, cacher la misère sous le tapis, elle est toujours voisine. Parce que le Onze reste un champion de l'accueil : avec le 18e, il est l'arrondissement qui compte le plus de places d'hébergement d'urgence.

Alors moi, en 2020, avec mon petit génie et mon esprit romanesque, je me suis prise à rêver qu'on compterait ici, encore une fois, parmi les lanceurs de la prochaine transformation de notre société; cette révolution verte, tranquille et douce, qui fait du bien aux humains comme à la planète… Ce petit changement de posture qui nous fait penser collectif versus communautaire, durable versus rentable… Qui nous fait semer des graines à la place du béton et vivre, au moins un peu, au rythme des saisons, au rythme de la terre.




Le 31 août, un hôtel meublé a brûlé square Gardette. 56 personnes, dont 15 enfants, y ont perdu le peu qu'elles possédaient. Dimanche dernier, au jardin partagé Truillot, des montagnes de vêtements, des chaussures, des poussettes, des jeux pour les enfants, attendaient les sinistrés, apportés par les habitants du quartier. Pendant ce temps-là, en attendant le concert, des gamins de l'hôtel qui n'habitent vraiment nulle part, semaient des graines qui prendront racine en plein Paris ! Voilà, c'est cela la révolution verte et en douceur : du temps pour l'humain, du temps pour la terre.

Alors, parce que le Génie en liberté, c'est les portes ouvertes des ateliers des artistes du Génie de la Bastille. Parce le Jardin partagé Truillot est un peu mon atelier en plein air quand je suis à Paris et que je n'y experimente pas que de l'art, j'installerai là-bas, deux morceaux d'un toit de la république des Escartons (autre peuple de fortes têtes). Je vous y inviterai à un petit face à face de l'Homme avec la Forêt… Je vous y laisserai, aussi, quelques craies pour écrire et dessiner. Vous pourrez, si vous voulez, y inscrire les doléances des arbres.



Le pays des Écrins (et sa république des Escartons) sera tout prêt : à 5mn à pieds, à l'atelier Foliecourt.


Galerie du Génie de la Bastille  126 rue de Charonne - M° Charonne

Jardin partagé Truillot, dans le jardin des moines de Tibhirine (devant l'église Saint-Ambroise) ) M° Saint-Ambroise

Atelier Foliecourt - 14 rue de la Folie Méricourt - M° Saint-Ambroise.

Pour aider les sinistrés de l'hôtel Rhétia


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

A partir du 23 mai, "Mamie écrase les prouts"

Le calendrier 2024 d'ARySQUE est paru

Une année avec des élèves