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DialogueS en toute liberté

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Voilà cinq ans, je faisais la connaissance de Marie Arnaud à l'occasion d'une expo collective à Arcachon. Elle était venue avec des encres à la pipette et des luminaires hallucinants tout entiers faits de vieux 45 tours. En moins d'une heure, je tombais sous le charme de sa gaité qui explosait dans ses œuvres autant que dans sa simplicité naturelle. Une chouette fille, ultra talentueuse, qui rafla, en toute logique, la très grande majorité des ventes de cette expo. On a fait du chemin depuis — Marie a commencé à s'éclater avec ses collages et je suis devenue ARySQUE — mais nous n'avons jamais perdu le contact et n'avons jamais cessé de vouloir exposer à nouveau ensemble. Pas seulement parce qu'on est copines, surtout parce que nous avons une immense complicité artistique et des préoccupations éthiques communes. On a mis le temps mais voilà, c'est fait (merci à Michel Charmasson pour son précieux concours) : on va faire dialoguer nos travaux pe...

Poussières d'étoile au festival Ancres et Encres

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POUSSIERES D'ETOILES "A vous tous mes amis,  Je vous laisse ces mots, ces modestes regards Que j'ai glâné ici ou là, au hasard, Comme un peintre qui pose les couleurs sur sa toile." Marc Queyras C'est avec ces quatre lignes que mon père ouvre son recueil de poésies. Quatre lignes qui racontent la générosité, l'ouverture aux autres et la fragilité de ce petit homme discret qu'est mon père.  J'ai tant aimé lire et relire ses poèmes à tête reposée, les faire miens pour mieux les illustrer, en parler avec lui, choisir le papier et avancer, pas à pas, dans la réalisation de ce livre. Ce fut une expérience unique : parce que c'est mon père (et que j'ai passé l'âge de me défier d'Oedipe), parce que, surtout, ses textes sont magnifiques, éminemment généreux ; ils sont ceux d'un homme à vif, ceux de celui, qui — j'en suis sûre ! — me recommanda aux muses pour qu'elles me soient prodigues. Samedi et dima...

Extraits d'iris

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Mes muses habitent un jardin des Hautes-Alpes : celui de Coste Belle, mon coin de paradis sis à Puy-Saint-Vincent sur le lieu-dit du Serre et Coste-Telme. En arrivant ce printemps, je les ai dénichées en bordure de muret. Profitant de mon absence, elles avaient fait pousser une chevelure hirsute sur un visage de pierre.  Gros nez, mine réjouie et cheveux fous : là se cachait un lutin que le soleil ravissait et que le vent chatouillait. Il me semblait le voir narines frissonnantes, humer tous les parfums de ce printemps naissant : asters, iris, corbeilles d'argent, ancolies par dizaines, clématite généreuse, premiers boutons de roses, premières pivoines, premiers pavots et partout, une multitude de pousses et radicelles annonçant les suivantes : lavatères, sauge, lys martagon, panicauts, oursins de Provence, gentianes, hellébores… et toutes celles dont j'ignore le nom.  Le lundi pourtant, il nous fallut quitter mon Eden florifère. Je me lamentais : six à huit semaine...

Les reste-à-terre / toucher le ciel

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A Ceillac début juin, la foule des estivants n'était pas arrivée. Les passants se faisaient rares : un couple promenait une poussette, une femme songeuse laissait gambader son chien, quelques voitures roulaient au pas. A peu d'exceptions près, ce jour-là, ce grand pré n'accueillait guère d'humains sinon ceux qui arrivaient du ciel en se posant vent de face, par quelques pas courus, avec, dans leur sillage, une voile écarlate et des suspentes discrètes. Pour l'heure, ils étaient en plein ciel. J'avais refermé mes fioles d'encre et mon pot de liant pour mieux admirer ces gigantesques papillons à l'aile unique. Sur la plus grande de mes feuilles, séchaient ensemble mes bouts de route et mes couleurs . Demeurait une nouvelle page blanche, d'un format plus petit. Le nez planté au ciel, je savais qu'il me fallait m'occuper de celle-ci ; le temps, sinon, me manquerait pour le séchage.  J'étais une peintre reste-à-terre. Je plongeais...

Les restes-à-terre / Quitter le bitume

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Dessiner sur une tablette , c'est un geste singulier : le doigt doit glisser en douceur et l'on finit par caresser l'écran du bout des doigts. C'est doux, plaisant, simple… Mais je mesure combien cela manque de chair, d'étoffe, de grain. Il me faut malaxer, touiller, écraser, broyer… et conjuguer la finesse filaire d'un trait d'encre tracé à la plume avec d'épaisses boues granuleuses et colorées. J'aime ce jeu de contraste. J'aime surtout lâcher en liberté mes tâches de matière : elle s'éclatent sur la feuille de papier, diffusent et pénètrent, se mélangent… jouent ensemble… Je ne suis plus maître du jeu. Les muses décident à ma place et j'adore ça. Alors, quand tout ceci a bien séché, quand l'agitation des égéries s'est un peu calmée, je découpe mes grandes feuilles maculées pour disposer de petits formats tâchés. Là, je raccorde arbres et fleurs, j'installe ma forêt et la peuple d'humains légers comme...

En mode estival

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Voilà que nous arrivons aux derniers jours de juin. L'année laborieuse touche à sa fin et avant que ne reprennent les travaux de Loveland , j'avoue être passée en mode estival. Depuis mon dernier séjour printanier dans mon paradis des Hautes-Alpes, je ne suis pas parvenue à rentrer et je couve patiemment la suite de Loveland, laissant libre cours à mes humeurs, mes envies. "Laisse parler tes doigts intérieurs" disait Egon Shiele et je ne peux que lui répondre "adonf ! grand maître !". J'ai donc quelques petites choses à vous dire. D'abord, j'ai découvert une appli de dessin sur Ipad il y a quelques semaines et j'en suis raide dingue. Depuis, j'ai remplacé mon verbiage facebookien par des statuts en forme de dessin… petits billets spontanés et légers dont je vous livre quelques exemples. Il y a d'abord eu les allers-retours à Coste-Belle, mon paradis des Hautes-Alpes, pour des week-ends express où l'on passe presqu'aut...

Naufragés de nos rues

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Les soldes sont terminées et je retrouve peu à peu le calme de mon atelier. Les visites ont été nombreuses depuis le week-end de soldes et j'avais fort à faire pour encadrer et emballer les œuvres parties pour d'autres murs, d'autres bibliothèques. Je dis bibliothèque parce que le plus grand succès de cette dernière ouverture de mon atelier, c'est bel et bien le bouquin de mon père, un recueil que j'ai illustré et qui compte un peu plus de cinquante poèmes consacrés à l'amour, au vent, à la mer… et aux hommes. Un truc plein de tout ce que j'ai dérobé à mon père avec son consentement et qui m'ont faite créative. Extrait. Les naufragés - Marc Queyras Dans nos villes, en barques de carton, Naviguent Les marins de nulle part. Au coin des rues, En courant d'air,  Dans le chaud ou dans le froid, Ils ont posé leur navire,  Leur avenir d'un toit. Le trottoir devient berceau Quand l'alcool leur fait un lit. C...